Renforcer le leadership des femmes pour une transition agroécologique efficace
Témoignage de Mme Latifa Hamdi, agricultrice leader en Tunisie
© Myriem Ben Abdallah/Association Tunisienne de l’Agriculture Environnementale (ATAE)
« Débordée de travail et comblée de joie » c’est avec ces mots que Latifa, agricultrice de la région de Makthar (Siliana, nord-ouest de la Tunisie), bénéficiaire du projet Protection et Réhabilitation des Sols dégradés en Tunisie (ProSol) à travers l’Association Tunisienne de l’Agriculture Environnementale (ATAE), décrit son enthousiasme en partageant avec nous son expérience.
Latifa Hamdi, âgée de 55 ans, toujours épanouie et coriace, mariée et maman de 5 enfants, prête main-forte à son mari dans la gestion de leur ferme.
« J’exécutai quelques tâches à la ferme que mon mari Mustapha m’assignait. Nous avons 5 ha, 2 vaches de race locale et quelques poulets »
© Myriem Ben Abdallah/Association Tunisienne de l’Agriculture Environnementale (ATAE)
Avec l’appui de l’ATAE et dans l’objectif d’améliorer la qualité des sols, Latifa a menée à bien l’expérience de culture de méteil (mélange fourrager) choisit pour son pouvoir de couverture du sol et sa capacité de fixation de l’azote de l’air par la légumineuse. Une première expérience sur un hectare de cultures pluviales qui a enregistré de bons résultats avec une nette amélioration du rendement. Satisfaite du résultat, l’agricultrice a décidé avec le consentement de son mari d’étendre les superficies de méteil dans l’exploitation familiale qui s’étend désormais sur 5 ha.
« Deux récoltes par an avec 200 balles ! mais quoi de mieux » déclare-elle « Aujourd’hui, grâce à ces rendements j’étais encouragée à agrandir le cheptel et j’ai suivi une formation sur l’élevage bovin pour renforcer encore mes compétences et prendre soin de mon nouveau troupeau de 6 génisses de race Holstein. »
Aujourd’hui, grâce à sa rigueur et sa persévérance Latifa, a pu améliorer son revenu et profiter de la générosité de son pâturage de méteil engendrant une meilleure production laitière en termes de quantité et de qualité.
L’accompagnement et l’appui de l’Association pour cette agricultrice ainsi que pour d’autres bénéficiaires a fourni une réelle opportunité pour ces groupes cibles afin qu’ils puissent renforcer leurs capacités dans d’autres pratiques diversifiés dans le but d’une transition agroécologique avantageuse pour la résilience aux changements climatiques.
A cet effet, et comme conséquence directe de cet apprentissage, Latifa a pu acquérir certaines connaissances et savoir-faire dont elle a essayé de le transmettre à son environnement et voisinage direct.
« Comme ça je ne rate aucune information et j’applique directement les nouvelles techniques apprises dans ma ferme. Grace à la formation en taille, mes voisines me voient entrain de grimper sur les oliviers pour les tailler, ce qui est dans notre région une tache exclusivement réservée aux hommes. J’ai réussi à faire tomber ce stéréotype puisque certaine se sont mises à la tâche et d’autres m’appelle pour donner mon avis sur la conduite de leurs parcelles d’oliviers. » Reprend-elle.
L’installation d’une barrière écologique mellifère financée par le projet ProSol l’a encouragé à entamer un élevage apicole, elle a pu avoir 15 ruches d’abeilles et a augmenté davantage son revenu.
« Forte de mes nouvelles compétences techniques, je me vois comme une leader qui assure un transfert de connaissances à ses voisin·e·s dans des thématiques de gestion des sols d’une manière rationnelle et l’introduction des bonnes pratiques agricoles »
« Je me réveille, comme toujours, à 4h du matin pour traire les vaches, nettoyer l’étable et leur donner à manger. Mais aujourd’hui je gagne plus d’argent grâce à la vente du lait et j’ai réussi à convaincre Mustapha de semer le méteil sur toute la superficie de notre ferme et consolider nos connaissances sur des bonnes pratiques pour une agriculture durable qui nous garantit une existence décente ».
Contact
Rafika Jmal, Soil Protection and Rehabilitation for Food Security (ProSol) Tunisia