Les Parcelles Fourragères au Bénin

Moyen de protections des sols et de résolution des conflits

Les Parcelles Fourragères à Bembéréké et Sinende © Carola Jacobs

Au Bénin, le projet Protection et Réhabilitation des Sols pour la sécurité alimentaire (ProSOL) promues la gestion durable des terres (GDT) afin de protéger les sols dégradés. Les mesures mises en œuvre doivent être protégées pour permettre leur efficacité et leur durabilité. Qu’est-ce qui compromet l’installation des mesures GDT ? La transhumance. Quand le bétail des éleveurs rentre dans des telles parcelles, les récoltes sont menacées ce qui provoque une situation conflictuelle entre les producteurs et les éleveurs. Une mesure de protection et de résolution des conflits est l’innovation de la parcelle fourragère qui permet aux agriculteurs à protéger leur terrain et aux éleveurs de trouver l’alimentation pour leur bétail.

L’agriculture joue un rôle prépondérant dans l’économie béninoise. Selon le rapport élaboré par le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, le secteur agricole a contribué en 2019, environ 28% au PIB.

Ce pendant elle est confrontée à de nombreux défis, parmi lesquels la transhumance se révèle d’une importance capitale. Elle occasionne des dégâts sur les cultures et est source de conflits réguliers et parfois sanglants entre agriculteurs et éleveurs. C’est un problème brûlant parfois préoccupant dans les régions où l’effectif du cheptel est relativement élevé, une ressource en pâturage rare et où d’importants mouvements de bétail existent.

Par quels moyens cette situation conflictuelle pourrait-elle être atténuer ?

Le code pastoral prévoit des espaces pastoraux comme la zone de pâturage, le couloir de passage, la piste de transhumance, les aires de repos, les zones d’attente, les centres de vaccination, les points d’abreuvement ou points d’eau ainsi que les ressources fourragères ou en eau.

Ainsi l’installation des parcelles fourragères représente un de ces moyens : Une parcelle fourragère est une parcelle de plantes ou de mélange de plantes (graminées ou légumineuses) utilisées pour l’alimentation des animaux. Elle peut être classée en parcelle temporaire lorsqu’elle est installée et récoltée comme toutes autres cultures ou parcelle permanente lorsqu’elle est laissée pendant 4 à 5 ans pour l’alimentation des animaux.

Le projet Protection et Réhabilitation des Sols pour la sécurité alimentaire (ProSOL) met en œuvre des différentes mesures pour la Gestion Durable des Terres (GDT) et pour l’Adaptation au Changement Climatique (ACC). Des techniciens des ONGs partenaires forment et encadrent les agricultrices et les agriculteurs dans quatre départements du Bénin : Zou, Collines, Borgou et Alibori.

Au titre de la campagne agricole 2020-2021, ProSOL a initié un partenariat avec quelques mairies pour l’installation des parcelles fourragères afin de protéger les parcelles traitées par plusieurs mesures GDT/ ACC.

Qu’est-ce qu’on y gagne ?

Les éleveurs gagent car la parcelle fourragère produit du fourrage pour l’alimentation des animaux et améliore même la qualité du sol. Elle garantit également la disponibilité fourragère en saison sèche et permet à intensifier la production animale.

Les producteurs gagnent en même temps comme la fertilité des sols est maintenue. La parcelle fourragère favorise aussi l’infiltration de l’eau et conserve l’humidité du sol et protège les sols contre l’érosion hydrique et éolienne. En plus elle permet une grande séquestration de carbone dans le sol.

La vente de fourrage permet d’avoir les revenus supplémentaires. En plus, les animaux de culture attelée sont bien nourris en saison sèche et donc mieux aptes au travail dès le début de la campagne agricole.

La parcelle fourragère est donc une innovation qui s’inscrit à court à moyen terme à la sédentarisation des éleveurs afin de réduire considérablement les conflits entre éleveurs et agriculteurs.

ProSOL a pu installer des parcelles fourragères et plantations communales dans les communes de Sinende, Kalalé, Bémbéréké, Kandi, Gogounou, Banikoara, Ségbana, Djidja, Savalou et Bantè. Le projet collabore directement avec ces 10 mairies pour la mise en œuvre de cette innovation. Chaque parcelle fourragère est gérée par un comité villageois ce qui inclut les agriculteurs, les agro-éleveurs, les éleveurs, les chasseurs, les exploitants de bois, les propriétaires terriens, la jeunesse, les femmes, les sages et notables et les autorités locales.

Par exemple, dans la commune de Bembéréké une parcelle fourragère était installée avec l’appui de ProSOL (Image 1). Elle est située dans le village de Guessou Sud et était réalisée sur une surface de deux hectares. Les semences des plantes améliorantes étaient fournies par le projet y inclus Bracharia, Mucuna, Aeschynomene, Stylosenthès et Panicum. Le semi était fait en août cette année, 2020. Le comité local est responsable pour la gestion de la parcelle : le comité est constitué de la mairie, l’ATDA, le délégué du village, les riverains et les agents ProSOL.

Un deuxième exemple parle d’une parcelle fourragère dans la commune de Sinende qui a été aussi installée cette année 2020, sur une surface de deux hectares (Image 2). La mairie est responsable de de plantation tandis que la Cellule Communale de l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA) 2 de la commune fait le suivi des activités ensemble avec l’appui de ProSOL. Le projet a mis à disposition plusieurs semences de plantes enrichissantes pour le sol comme Bracharia, Mucuna, Aeschynomene, Stylosanthes.

Cette première expérience permettra aux communes de disposer de suffisamment de semences pour faire de l’extension dans l’avenir. A partir de la deuxième année les éleveurs peuvent y paître leurs animaux. Cela permettra une réduction des conflits locaux l’année prochaine grâce à une étroite collaboration entre les différents acteurs parmi le groupe cible de ProSOL.

Les prochaines étapes au niveau de ces parcelles fourragères comprennent les actions d’entretien, la protection de la parcelle et la récolte.

Contact

Jacobs, Carola conseillère technique junior, carola.jacobs@giz.de
Iwikotan, Cossi Joachim, conseiller technique GDT, cossi.iwikotan@giz.de