Le cash-flow

Comment la directrice d’une coopérative arrive à augmenter la sécurité alimentaire à l’aide d’un système de crédit

Celui qui cultive des céréales au Burkina Faso, les vend normalement tout de suite après la récolte. Parce qu’il faut payer les frais médicaux et de scolarité. Peu de mois après, les propres réserves sont épuisées, et d’un seul coup, les petits exploitants se voient obligés d’acheter eux-mêmes des aliments, – en deuxième lieu viennent les investissements dans des nouveaux outils, des engrais et des produits phytosanitaires. Pourtant, ils constituent des conditions préalables importantes pour assurer une prochaine récolte fructueuse.

Félicité Yaméogo a du succès avec son système de crédits.
Photo : ©  GIZ / Jörg Böthling

La solution : la vente pendant la basse saison

Félicité Yaméogo est la directrice de la coopérative COPSA-C (Coopérative de Prestation de Service Agricoles), qui offre, avec ses 3.000 membres (dont 40 pourcent de femmes) des prestations de services agricoles – soutenus par le Centre d’Innovations Vertes. Félicité a trouvé une solution au dilemme, expliqué en haut: « Nous sommes la première coopérative au Burkina Faso à avoir implémenté un système de crédits, il y a quelques années », raconte-t-elle fièrement. Nous proposons aux agriculteurs d’amener une partie de leur récolte dans un entrepôt de notre coopérative. Cette part de la récolte sert de gage auprès de la banque, qui accorde un crédit aux agriculteurs en retour. Les agriculteurs vendent l’autre partie de la récolte sur le marché. Après quelques mois, lorsque leurs réserves sont épuisées, ils peuvent récupérer la partie qu’ils ont stockée ».

Quand les agriculteurs récupèrent leurs réserves, la demande du marché est généralement plus haute qu’au moment de la récolte. Maintenant, ils peuvent vendre leurs produits à des prix plus élevés. Cela a le même effet qu’une deuxième récolte : les bénéfices réalisés leurs permettent non seulement de rembourser le crédit, mais aussi de couvrir les dépenses pour la prochaine saison.

Grâce à ce système, une grande partie des membres de la COPSA-C, peuvent maintenant obtenir un crédit. Comme beaucoup d’entre eux ne sont pas en mesure de présenter des garanties, ils obtiennent des crédits non des banques mais uniquement de personnes privées. Ces derniers prêtent de l’argent, mais uniquement à des taux d’intérêt excessivement élevés. À travers le nouveau système, la coopérative se charge des négociations avec la banque, pouvant leur offrir des conditions avantageuses. Avec succès: Le nombre des emprunteurs a augmenté rapidement depuis la phase d’essai en 2009. Au début il n’y avait que 400 sacs de céréales entreposés, – jusqu’à aujourd’hui, ce nombre a été multiplié par dix.

« On a besoin de quelque chose qui reste »

Les yeux de Félicité brillent quand elle parle de son travail. La femme âgée de 49 ans a elle-même grandi dans le milieu agricole. « Tout ce que les autres ont appris à l’université, je l’ai appris sur le terrain », dit-elle. « Plus tard, j’ai travaillé dans des projets de différentes ONG internationales, et ensuite j’ai rejoint la COPSA-C, où je me vois encore dans l’avenir : puisque nous avons besoin de quelque chose qui reste. Nous avons besoin de projets qui fonctionnent encore, même quand les donateurs se sont retirés. C’est qu’ainsi qu’on pourra créer des perspectives à long terme pour les gens sur place. »