La transformation des noix de cajou ⏤ une mine de opportunités d’emploi pour autonomiser la jeunesse africaine
L’Afrique ne transforme que 10% de ses noix de cajou, fruit hautement nutritif d’une plante extrêmement adaptable au climat, dont les bénéfices économiques peuvent très bien être récoltés en Afrique
Photo: GIZ/ComCashew
L’agriculture joue un rôle particulier en Afrique. Les deux tiers de la population africaine travaillent dans l’agriculture, ce qui en fait le premier employeur du continent. Aujourd’hui, la plupart des pays africains sont confrontés au défi de rendre le secteur agricole durable et apte à affronter l’avenir. Il est important pour offrir des perspectives aux populations rurales et surtout aux jeunes, qui représentent plus de 60% de la population africaine.
La production et la transformation des noix de cajou en Afrique créent de telles perspectives. Surnommée « l’or gris », la noix de cajou prend de plus en plus d’importance et est considérée dans de nombreux pays comme une « solution miracle » en raison de son potentiel diversifié. Etant donné que le changement climatique progressif oblige de nombreux agriculteurs, en particulier dans la région du Sahel, à innover, l’anacardier est l’arbre idéal pour s’adapter au changement climatique.
Une noix de cajou sur deux vient d’Afrique, la Côte d’Ivoire étant aujourd’hui le premier producteur de noix de cajou. La récolte est en grande partie produite par 1,5 million de petits agriculteurs. L’arbre qui a été introduit à l’origine pour lutter contre la désertification sur le continent s’est avéré, au cours des 10 dernières années, avoir de grands avantages économiques pour les pays africains. La part des noix de cajou africaines dépasse déjà la moitié de la production mondiale et cette tendance continue d’augmenter tandis que la production en Asie du Sud-Est et au Brésil continue de diminuer. Néanmoins, cette augmentation est encore loin de répondre à la demande de noix de cajou sur le marché mondial, qui augmente d’environ 6-7% par an.
L’Afrique offre les meilleures conditions pour la culture de la noix de cajou et, en raison des changements climatiques, l’anacardier devient de plus en plus une alternative pour de nombreux petits agriculteurs, en particulier dans la région du Sahel.
La chaîne de valeur de la noix de cajou crée des perspectives pour les jeunes grâce à ses diverses possibilités de création d’emplois, et la conférence SIETTA-ACA de cette année cherche à mettre en évidence comment les jeunes peuvent bénéficier de ces possibilités.
La noix de cajou crée des opportunités pour les jeunes femmes en Afrique
La chaîne de valeur de l’anacarde dans son ensemble offre une plate-forme pour l’autonomisation économique des femmes en leur offrant de multiples possibilités d’emploi et en générant ainsi des revenus indispensables, en particulier dans les zones rurales. Selon les estimations de l’initiative du Cajou Compétitif, ComCashew, un projet GIZ régional de partenariat public-privé dans le cadre de la coopération allemande au développement qui promeut la chaîne de valeur de la noix de cajou en Afrique depuis 2009, près de 400 000 emplois ont été créés au cours des 9 dernières années dans la production de noix de cajou, dont 40% étaient réservés aux femmes. Ces femmes travaillent principalement pendant la saison des récoltes et pour soutenir les systèmes d’exploitation familiale des petits exploitants.
Au-delà de cette agriculture de subsistance traditionnelle, le segment de la transformation et de la valeur ajoutée est une opportunité dynamique pour une nouvelle génération de femmes entrepreneurs dans le secteur de la transformation des noix de cajou et des sous-produits. Les unités de transformation de la noix de cajou emploient principalement des femmes qui représentent jusqu’à 80 % de l’effectif. L’augmentation des investissements et la création d’unités de transformation en Afrique offrent la possibilité à de nombreuses jeunes femmes africaines d’accéder à un emploi formel, continu et rémunérateur. Cela contribue à leur autonomisation financière et sociale et assure aux jeunes femmes, en particulier dans les zones rurales, une sécurité économique indispensable.
La production d’anacarde est bien plus que de l’agriculture
Le potentiel de création d’emplois du secteur agricole en général et de la chaîne de valeur de la noix de cajou en particulier, est de plus en plus important pour les jeunes Africains. Ces derniers temps, la noix de cajou est devenue un secteur stratégique pour la diversification des économies des pays producteurs. En 2018, la production de noix de cajou a atteint une production record de près de 3,5 millions de tonnes dans le monde, dont 57% étaient d’origine africaine. En Afrique, cette culture est en grande partie produite par 1,5 million de petits agriculteurs.
Le secteur de la production fournit non seulement des emplois agricoles à la ferme, mais aussi des emplois para-agricoles liés à l’exploitation. En effet, la production de noix de cajou implique des opérations nécessitant le développement de services de livraison, qui constituent aujourd’hui des opportunités d’emploi que les jeunes pourraient saisir pour entreprendre. La rareté de la main-d’œuvre pour un nombre croissant de producteurs offre aux jeunes la possibilité d’entreprendre des activités de prestataire de services telles que l’entretien – désherbage, éclaircissage, taille, etc. dans les vergers de noix de cajou avec de petites machines agricoles modernes telles que débroussailleuses, tronçonneuses et tailleuses à deux mains.
De plus, les producteurs ont grandement besoin de fournisseurs de services qualifiés lorsqu’il s’agit de gérer les maladies et les ravageurs dans leurs vergers. Les jeunes peuvent s’installer comme professionnels dans ce domaine pour offrir leur service aux producteurs en utilisant des pulvérisateurs motorisés.
En outre, avec le développement croissant du marché de la noix de cajou, le secteur enregistre de plus en plus de nouveaux agriculteurs et les superficies d’anacardiers sont en expansion constante, d’où une forte demande de matériel de plantation de meilleure qualité. Avec cette demande, les jeunes peuvent non seulement commencer à produire des plants greffés améliorés, mais aussi se spécialiser dans l’installation de nouvelles plantations selon les normes et standards techniques pertinentes.
Les activités liées à la fourniture d’intrants tels que les engrais chimiques, organiques et biologiques, les herbicides et les produits phytosanitaires sont des domaines d’emploi où les jeunes peuvent développer des opportunités commerciales. La spécialisation dans la fabrication et la réparation de machines et de petits outils utilisés dans les vergers de noix de cajou n’est pas moins une opportunité. De même, la demande de services d’analyse de la qualité (Kernel Outturn Ratio), d’études de gestion et de services de conseil, ainsi que d’application des technologies de l’information, est en augmentation.
Ces opportunités offrent une possibilité de formation technique et professionnelle. En développant des programmes de formation spécialement adaptés au secteur de la noix de cajou, les possibilités d’emploi susmentionnées peuvent être durablement transformées en professions formelles pour attirer de nombreux jeunes » agripreneurs « .
Enfin, avec près de 2 millions de tonnes de noix de cajou produites en Afrique en 2018 et des centaines de milliers d’hectares couverts d’anacardiers, une richesse d’activités économiques tourne autour de la production de noix de cajou et les jeunes doivent saisir ces opportunités d’emploi pour entreprendre et assurer leur intégration dans le développement professionnel, économique et social des pays producteurs.
Ajouter de la valeur, c’est créer de l’emplois
Les noix de cajou sont composées de 3 parties principales : les noix, les pommes et les coques. Les noix et les pommes offrent d’excellentes sources de nutriments.
Pour la raison que la noix de cajou crée des perspectives pour les agriculteurs et aussi pour les transformateurs locaux, la proportion de noix de cajou transformées localement est encore beaucoup trop faible. Sur 10 noix de cajou cultivées en Afrique, une seule est décortiquée sur le continent.
La majeure partie de la production est exportée comme matière première vers des pays comme l’Inde et le Vietnam, où elle est ensuite transformée en amande de cajou. La transformation des noix de cajou est une activité qui emploie principalement des femmes et procure un revenu dont de nombreuses familles ont un besoin urgent. Il y a beaucoup d’avantages à en retirer pour les pays producteurs si l’on met davantage l’accent sur l’augmentation de la transformation locale ou de la valeur ajoutée. Selon des estimations récentes de ComCashew, plus de 38 000 emplois directs dans le secteur de la transformation des noix de cajou ont été créés depuis 2009 dans cinq des pays d’intervention de son projet. Ce chiffre pourrait être plus élevé si les capacités installées étaient pleinement utilisées et si le potentiel des sous-produits de la noix de cajou était pleinement saisi.
L’Afrique a produit 57% de la production mondiale de noix de cajou en 2018. Cela se traduit par plus de 15 millions de tonnes de pommes de cajou et 1,2 million de tonnes de coques de noix de cajou, qui ne sont principalement pas utilisées. Néanmoins, ces sous-produits ont une grande valeur dans d’autres parties du monde, par exemple en Inde et au Brésil où ils sont entièrement transformés en produits finis. La pomme de cajou, qui a une haute valeur nutritive, peut être transformée en produits tels que jus, prunes, cajuina, confitures, gelées, etc.
Outre l’utilisation culinaire des pommes de cajou, la coque de la noix de cajou a un usage industriel. La coque contient le liquide de coquille de noix de cajou (CNSL), liquide acide et corrosif, riche en composés phénoliques utiles dans l’industrie chimique, notamment dans la fabrication d’éléments de friction (freins, embrayages) ou d’isolateurs.
Compte tenu de la diversité de ces produits, il existe un énorme potentiel d’investissement dans la transformation de la pomme de cajou et de la noix de cajou. On estime que si le volume total de pommes et de coques était transformé, cette industrie de sous-produits de la noix de cajou pourrait créer des milliers de nouveaux emplois directs pour les jeunes.
Il est donc urgent d’investir dans la transformation en Afrique. Les possibilités de formation professionnelle peuvent offrir l’expertise dont on a tant besoin et ainsi soutenir l’emploi formel pour la jeunesse africaine croissante et rendre la filière africaine de l’anacarde compétitive.
Toutes ces raisons, et bien d’autres encore, expliquent pourquoi la production et la transformation de la noix de cajou offrent une mine d’opportunités et offre au cajou la possibilité de devenir l’un des plus grands employeurs d’Afrique.