Présentation des nouveaux flux de travail du groupe de travail de la CCLNRM

L’objectif de cette année est de faciliter la création de connaissances et le partage d’expériences.
Bois de chauffage au Cameroun ⎮Photo: @GIZ\Désiré Tchigankong

En février, le groupe de travail de la CCLNRM a lancé quatre flux de travail pour faciliter l’interaction entre les projets ou programmes bilatéraux, régionaux et mondiaux qui traitent de la gestion durable des ressources naturelles et des questions liées au changement climatique en Afrique.

Les axes de travail ont été formulés au travers d’un vaste processus de consultation et d’échange avec les membres du groupe de travail et les experts de projets au niveau continental et mondial sur une période de deux mois. Le personnel national des projets a été particulièrement impliqué. Ils ont joué un rôle essentiel dans la mobilisation et la coordination des nouveaux axes de travail.

Les nouveaux axes de travail

⎮Photo: @GIZ\Désiré Tchigankong

👉 Gestion des aires protégées et de la biodiversité

Le continent africain est immensément riche en biodiversité qui représente près d’un quart de la biodiversité mondiale. Ce continent abrite les plus grands assemblages intacts de grands mammifères présents sur terre, lesquels circulent parfois librement dans de nombreux pays.  La conservation de la diversité biologique en Afrique est une priorité à plusieurs titres. Il s’agit d’un patrimoine naturel unique qu’il convient de gérer durablement pour l’avenir car de nombreuses populations en dépendent et celle-ci est étroitement importante pour leur survie. On constate également que cette diversité biologique se dégrade progressivement sous l’action de nombreuses pressions (braconnage, empiètements agricoles, pressions sur les ressources extractives, développement des infrastructures, mauvaise gouvernance, conflit d’intérêt…).  La prise en compte de plusieurs aspects de gouvernance démontre que les aires protégées pourraient être un élément efficace de gestion de la biodiversité et elles procurent de grands bénéfices en matière de services écosystémiques que les aires plus petites et plus perturbées, y compris ceux nécessaires pour lutter contre les changements climatiques.

Ce groupe de travail va se pencher sur les questions relatives à

  1. l’utilisation des outils d’aide à la décision pour la gestion efficace des aires protégées
  2. les techniques de collaboration et d’appui des populations riveraines aux parcs nationaux (techniques agricoles pro-conservation) et leur impact sur la promotion du développement rural
  3. la valorisation durable de la biodiversité avec un focus sur les produits forestiers non-ligneux et l’appui des filières agroforestières et leurs impacts socioéconomique sur les groupes cibles tels que les femmes et les jeunes.

A la fin de cette année, les responsables de ce groupe de travail contribueront au développement des outils techniques nécessaires à une meilleure gestion/gouvernance des aires protégées dans leurs pays respectifs. Ils présenteront également un modèle de gestion concertée des aires protégées, de leur biodiversité et leurs impacts sur l’amélioration des conditions de vie des populations locales.

⎮Photos: @GIZ\Désiré Tchigankong

👉 Adaptation aux changements climatiques et gestion durable des terres

Le changement climatique est une réalité de plus en plus perceptible. Ses impacts s’intensifient du jour au lendemain et touchent le plus durement les pays et les communautés vulnérables. Pour faire face aux effets des changements climatiques, divers acteurs doivent de toute urgence intensifier leurs actions pour s’adapter à la nouvelle réalité climatique, sous peine de devoir faire face à des coûts, des dommages et des pertes importants. Afin de palier aux effets des changements climatiques, l’adaptation est un facteur prédominant car elle vise à réduire la vulnérabilité des pays et des communautés face au changement climatique tout en augmentant leur capacité à en absorber les effets. Cette adaptation repose très souvent sur des solutions basées sur la nature en tant qu’options peu coûteuses qui réduisent les risques climatiques, restaurent et protègent la biodiversité et les sols, et apportent des avantages aux communautés et aux économies.

Au regard de la forte dégradation des ressources naturelles et de l’avancée du désert très souvent causées par les changements climatiques, on a pu constater une grande variabilité climatique, la non-maîtrise des données météorologiques, le manque d’information sur le climat des communautés. En plus de ceci, on relève certaines pratiques anthropiques ayant un fort impact sur le climat telles que les mauvaises pratiques agricoles, d’élevage et de pêche. Les effets sont de plus en plus perceptibles dans plusieurs pays africains :la chute des rendements agricoles, le manque de zones de pâturage et des conflits d’usage à la gestion des terres. L’objectif de ce groupe de travail est de travailler à développer, à présenter et à partager les outils qui permettront de renforcer la résilience des systèmes écologiques, sociaux et de production dans les zones vulnérables afin de permettre aux groupes vulnérables de pouvoir faire face aux impacts des changements climatiques. Il est également question dans ce groupe de se pencher sur la conception des approches intégrées et innovatrices d’adaptation et de résilience aux changements climatiques des différents acteurs fortement impliqués par ces changements.

⎮Photos: @GIZ\Désiré Tchigankong

 👉 Droits des peuples autochtones et gestion des savoirs locaux

On retrouve les peuples autochtones dans toutes les régions du monde. Nombre d’entre eux souffrent encore de marginalisation, d’extrême pauvreté et autres violations des droits humains. Les peuples autochtones qui vivent dans et autour des forêts entretiennent une relation particulièrement intime avec celles-ci. Cette intimité crée chez les peuples autochtones forestiers une profonde implication dans la protection de leurs forêts, ainsi que la prise de conscience du fait que les humains ne sont qu’un élément au sein d’une communauté forestière beaucoup plus vaste. Les peuples autochtones protègent près de 80 % de la biodiversité mondiale, car leurs territoires et leurs terres sont situés sur des zones incroyablement riches en biodiversité. Cette protection est très souvent basée sur les savoirs locaux en leur possession qui sont transmis d’une génération à l’autre. Les peuples autochtones sont les premiers confrontés par la déforestation, ils voient souvent leurs droits bafoués et leurs territoires empiétés ou exploités au service d’intérêts commerciaux.

La situation de violation des droits humains dans la gestion des aires protégées est de plus en plus préoccupante. Elle concerne entre autres les conflits récurrents, les situations de réparation des dommages causés aux populations riveraines et les aspects relatifs à l’application de la loi. Il est alors question dans ce groupe de travail, de trouver un équilibre entre le bien-être écologique et le bien-être humain dans la gestion des aires protégées. Le groupe va donc se préoccuper des questions relatives aux mécanismes de gestion des plaintes, les situations de discrimination et de vulnérabilité des populations, les voies et moyens de dialogue, la mise sur pied des protocoles d’accord de gestion commune et des cadres de dialogue appropriés. L’hypothèse principale de ce groupe est que la conservation de la biodiversité doit impliquer toutes les parties prenantes, et vu qu’il y a un lien direct entre la richesse des milieux naturels et les peuples autochtones, on se rend compte que les espaces gérés par des règles traditionnelles constituent des lieux riches en biodiversité et que le savoir autochtone contribue à la meilleure gestion de cette biodiversité dans les conditions normales. La conception d’une approche de conservation communautaire basée sur les savoirs locaux et respectueux des droits des peuples pourrait être une meilleure voie de gestion de ses problèmes.

⎮Photos: @GIZ\Désiré Tchigankong

 👉 Aménagement du territoire, des forêts et des paysages forestiers

L’aménagement du territoire, la gestion des espaces forestiers et la restauration des paysages forestiers sont intimement liés. En effet l’aménagement durable de ces espaces a pour but de maintenir ou d’améliorer la santé à long terme des écosystèmes forestiers, afin d’offrir aux générations d’aujourd’hui et de demain les avantages environnementaux, économiques et sociaux que procurent ces écosystèmes. La forêt est un atout pour l’attractivité des territoires et le paysage constitue une notion féconde pour envisager la complexité des territoires forestiers. Une bonne gouvernance forestière implique la conception de politiques paysagères émergentes, les pratiques de l’aménagement forestier, de boisements en forte croissance, et des mesures visant à lutter contre la dégradation de la biodiversité, mais aussi de forêts qui font l’objet d’une forte demande sociale. L’approche paysagère dans la gestion des forêts facilite une vision holistique des actions à mener pour une meilleure gestion de ces espaces.

Dans un contexte de déforestation de plus en plus croissante conduisant à plusieurs changements dans l’affectation et la gestion des terres, les conflits d’usage, la perte de la biodiversité et les changements climatiques, il est indispensable de se pencher sur l’aménagement du territoire dans la gestion des ressources naturelles. L’aménagement consiste à modifier, rectifier, corriger, adapter et transformer un espace donné en vue d’un objectif déterminé. Ce groupe de travail va se pencher sur les questions relatives à l’aménagement écosystémique en vue de maintenir la biodiversité et la viabilité des écosystèmes avec pour objectif de capitaliser les expériences dans les différents pays en ce qui concerne des outils efficaces d’aménagement des espaces forestiers, de restauration des paysages dégradés et d’exploitation durable des ressources forestières. Les thématiques traitées dans les contributions des participants concernent:

  • l’élaboration des plans d’occupation des sols
  • la création des corridors écologiques
  • le reboisement (bois énergie)
  • l’analyse des approches participatives et intégrées relatives à la restauration des fonctions écologiques et productives des paysages forestiers dégradés
  • la promotion de la bonne gouvernance dans le secteur forestier en vue d’améliorer les revenus des populations locales rurales et
  • la professionnalisation des chaînes de valeur.

Ces multiples expériences seront coulées dans un format de communication cohérent (à déterminer ; consultant) en vue d’une large diffusion de ces acquis.

Une façon innovante de travailler ensemble

L’idiosyncrasie des flux de travail réside dans le fait que les membres du projet pourront continuer à s’investir pleinement dans les activités de leur projet tout en se réunissant sur une base mensuelle pour échanger les leçons tirées de la mise en œuvre des activités.

L’objectif ici est de trouver des centres d’intérêt communs à ces différents projets, de bénéficier des expériences de chacun dans la gestion de certains défis, mais surtout de documenter les leçons tirées de toutes ces expériences. Un document de synthèse de ces expériences au niveau continental permettra aux différentes personnes impliquées dans les différents thèmes de leurs projets de disposer d’une base de données et d’informations utiles pour leur travail quotidien.

Contribuer aux OMD et aux ODD par des synergies continentales et transcontinentales

Les réalisations et autres résultats escomptés des différents flux de travail répondent aux défis mondiaux rencontrés – notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, au climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice.

À cette fin, presque tous les flux de travail sont orientés vers la réduction de la proportion d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges souffrant d’une certaine forme de pauvreté. Ils s’efforcent de renforcer la résilience des personnes pauvres et vulnérables et de réduire leur exposition et leur vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes et aux autres chocs et catastrophes économiques, sociaux et environnementaux (OMD1).

L’accent mis sur les aspects liés au changement climatique et à la gestion des terres contribue à améliorer la production agricole (OMD2 et 13), à créer plus d’emplois et de revenus pour les femmes et les jeunes (OMD5 et 8).

Le volet consacré aux peuples autochtones contribue à réduire les inégalités et à faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte dans le processus de gestion durable des ressources naturelles (ODD10 et 16), tandis que le dernier volet porte sur les activités qui reposent sur l’utilisation de l’environnement et des ressources naturelles d’une manière qui continue d’avoir un impact destructeur sur la planète (ODD12 et 15).

Contact

Désiré Tchigankong

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